Tout le monde aura le même nom de famille en 2531 dans cet immense pays

Tout le monde aura le même nom de famille en 2531 dans cet immense pays La population de tout un pays pourrait partager le même nom de famille d'ici 500 ans. Un expert envisage même que les habitants pourraient être appelés par des numéros.

Lors d'un mariage, les couples qui s'engagent peuvent faire le choix de partager le même nom et choisir le patronyme d'un des deux partenaires. Mais cette décision relève uniquement d'une préférence personnelle et n'est en rien obligatoire. Cela est vrai en France et dans de nombreux pays du monde. En Asie, un pays dispose d'une loi qui contraint les couples mariés à porter le même nom de famille. Le texte en question, l'article 750 du Code civil, ne précise pas lequel du nom du mari ou de l'épouse s'impose, mais dans 95% des cas, ce sont les femmes qui adoptent le nom de famille de leur époux.

Ce pays c'est le Japon. Mais un mouvement citoyen est en cours au pays du Soleil levant pour pousser les autorités à revoir le texte du Code civil en vigueur depuis la fin des années 1860. Ce mouvement, qui défend la liberté fondamentale individuelle de choisir son nom de famille peut compter sur une étude de Hiroshi Yoshida, professeur d'économie à l'université de Tohoku. Selon ce chercheur d'ici 1500 ans, et plus précisément en 2531, tous les Japonais porteront le même nom de famille à cause de la loi.

Les calculs du professeur, qui prennent en compte plusieurs hypothèses, permettent d'avancer que le nom de famille Sato deviendra le seul et unique patronyme si la loi ne change pas. Il est déjà le nom de famille le plus courant en 2023, car porté par 1,5% de la population nippone. Entre 2022 et 2023, la proportion de Japonais nommés Sato a été multipliée par 1,0083 selon l'étude. Et si ce nom continue de se répandre au même rythme, alors la moitié de la population du Japon le portera en 2446 et la totalité en 2531, d'après Hiroshi Yoshida.

"Si tout le monde devient Sato, nous devrons peut-être être appelés par nos prénoms ou par des numéros", a déclaré le professeur dans le journal local Mainichi insistant sur les difficultés que le maintien de la loi entrainerait. Ce manque de diversité de patronymes "sera non seulement gênant mais portera également atteinte à la dignité individuelle", a-t-il ajouté cette fois dans l'Asahi Shimbun.

Si la disparition de tous les noms de famille sauf un est un scénario qui pourra se produire d'ici quelques siècles au Japon, selon l'étude de Hiroshi Yoshida, c'est parce le pays compte déjà peu de noms de famille par rapport à sa densité : 100 000 noms à en croire le site Japan Experience pour environ 125 millions d'habitants selon les dernières données officielles de 2022. En comparaison, il existe 1,4 million de noms de famille pour 67 millions de Français selon l'Insee. Les Martin et les Dupont sont donc bien moins courants en France que les Sato au Japon.

Il va sans dire que l'uniformisation des patronymes au Japon représenterait une perte culturelle. Elle aurait également des effets néfastes sur la société au quotidien, car au pays du Soleil levant, l'importance du nom prime sur celle du prénom qui n'est utilisé que dans le cadre familial et intime. Craignant de voir ce scénario se réaliser, douze Japonais et Japonaises ont porté plainte devant les tribunaux de Tokyo et Sapporo début avril, pour réclamer le droit de conserver leurs noms de famille après le mariage.